Nous lançons un appel à Google, Meta, X, Apple, Samsung et Microsoft pour soutenir la candidature de l’emoji :réemploi: auprès du Consortium Unicode.

Imaginez que pour illustrer le mot “soleil” dans vos messages vous n’ayez à votre disposition que cet emoji 🌛. Il se passe exactement la même chose pour le réemploi. Nous n’avons ni emoji ni combinaison de symboles pour l’exprimer. A défaut, c’est l’emoji du recyclage qui est systématiquement utilisé, alors que ces deux notions renvoient à des procédés et des enjeux très différents. N’avoir qu’un seul emoji à disposition, celui du recyclage, c’est maintenir une seule vision: celle d’une économie qui ne serait basée que sur le recyclage. Alors que la transition des modèles est en marche et doit s’accélérer, par bon sens et par nécessité, il est impératif d’illustrer d’autres modèles plus vertueux comme le réemploi. Représenter les choses, c’est les faire exister. Créer un emoji :réemploi: permettrait de symboliser cette solution durable et souhaitable, de la diffuser largement et de l’encourager au quotidien.

Une notion bien définie, à ne pas confondre avec le recyclage

Souvent confondu avec le recyclage, le réemploi est un concept à part entière qui a sa propre définition juridique et des objectifs fixés par les lois: la PPWR en Europe, la loi AGEC en France, la loi des déchets et des sols contaminés (LRSC) en Espagne ainsi que la loi des emballages (VerpG) en Allemagne. La stratégie de gestion des déchets priorise d’ailleurs 3 actions en vue de son optimisation. On parle de hiérarchie des 3R: la réduction, puis le réemploi et enfin le recyclage.

Le réemploi consiste à récupérer des produits au lieu de les jeter, pour leur donner une deuxième vie. En les nettoyant, en les réparant ou en les révisant, ils sont de nouveau utilisés pour un usage identique à celui d’origine. Le recyclage est un ensemble de procédés qui font subir au produit, devenu déchet, des traitements plus lourds afin de réintroduire certains de leurs matériaux dans la fabrication de nouveaux produits.
Dans la vie de tous les jours, les gestes consommateurs sont aussi très différents. Prenons l’exemple d’une bouteille en verre. Dans le cas du recyclage, on jette la bouteille à la poubelle. Celle-ci est ensuite transportée dans un centre de tri et vers une fonderie où elle prendra une nouvelle forme. Dans le cas du réemploi, on rapporte sa bouteille dans un point de collecte pour réemploi (magasin, borne, etc.). La bouteille d’origine n’est pas détruite pour en fabriquer une nouvelle. Elle est lavée, séchée et prête à être réemployée. Ceci nécessite beaucoup moins d’énergie que le recyclage.

Un usage déjà en vigueur dans de nombreux secteurs

Le réemploi fait partie de notre quotidien et accompagne la transformation de notre société. Il concerne la quasi-totalité des secteurs et des biens de consommation: high-tech, électroménager, textile, emballages, automobile, ameublement, construction, etc. Nous achetons des ordinateurs et des téléphones reconditionnés, nous rapportons nos emballages vides dans des bornes de collecte, nous faisons réparer nos voitures avec des pièces détachées d’occasion, nous achetons des vêtements de seconde main, nous faisons réparer nos chaussures, nous aménageons des bureaux d’entreprises avec du mobilier d’occasion, nous construisons des bâtiments avec des matériaux issus d’anciens chantiers. Intégrer un emoji :réemploi:, permettrait de représenter toutes les modalités qui se pratiquent actuellement et qui sont amenées à se développer. Un pictogramme :réemploi: existe déjà sur les étiquettes de nos pots et de nos bouteilles réemployables. Il est en circulation depuis plusieurs années sur le marché français. L’adaptation de ce pictogramme pourrait devenir l’emoji :réemploi:.

Une pratique vertueuse qui s’inscrit dans le sens de l’histoire

En France, le secteur du traitement des déchets émet autant d’émissions de gaz à effet de serre que le secteur aérien. Plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre provient de la fabrication des biens de consommation (incluant l’extraction et la transformation). Il est nécessaire de développer et de valoriser les modèles de consommation plus sobres. En donnant plusieurs vies à nos emballages ou à nos objets, le réemploi contribue à réduire les déchets, la pression sur la biodiversité et les émissions de gaz à effet de serre liés à nos modes de production et de consommation. Représenter les choses, c’est les faire exister. Représenter le réemploi par un emoji, ce serait lui donner corps: illustrer la transformation des pratiques, permettre aux entreprises de valoriser leurs actions sur les réseaux sociaux, aider les individus à inciter leur communauté à mieux consommer. Une entreprise pourrait ainsi annoncer sur ses réseaux qu’elle a fait l’acquisition d’une flotte d’ordinateurs reconditionnés pour tous ses employés.

A l’instar du recyclage, le réemploi doit figurer dans la librairie des emojis. Créer un emoji :réemploi:, permettra de le rendre visible et appropriable par tous: le grand public, les industriels et les politiques. L’intégration d’un emoji :réemploi:, contribuera à accélérer le développement de modèles de production et de consommation plus durables. L’emoji, par son usage quotidien, sa symbolique forte et universelle est le meilleur moyen pour y parvenir rapidement.